On ne peut jamais épuiser un sujet. Après une dizaine d'articles, je sais qu'il me reste encore beaucoup en réserve sur le cornichon. Tout peut s'y rattacher et plus le lien devient ténu, plus le travail a un intérêt. Peu importe le sujet, il s'agit d'écrire, user de son imagination, faire le lien entre l'intuitif et l'intelligible, transformer sa pensée sans la réduire pour qu'elle survivre à la linéarité de l'écriture et s'adapte à l'approximation des mots.
Écrivons sur le cornichon, sans la moindre arrogance et avec l'auto-dérision suffisante pour ne jamais perdre de vue l'extrême futilité de l'acte même d'écrire. Si l'on écrit sur des sujets sérieux, on peut commencer à croire que cela a une quelconque importance. En écrivant sur le cornichon, on ne peut jamais perdre de l'esprit que chaque mot n'a pas la moindre importance tout en transformant mon propre monde, ma représentation de celui-ci, la manière dont je l'appréhende, le recul que je prends. L'écriture sur le cornichon conserve son extrême futilité tout en s'élevant en constituant fondamental de mon être révélé !
Il n'y a aucune raison particulière de choisir le cornichon comme le centre, le point focal de mon travail quotidien d'écriture et d'imagination mais il n'y a pas non plus la moindre raison particulière de ne pas le choisir. Pourquoi pas lui ? Ce petit cucurbitacée vert pour lequel les métaphores s'épuisent au bout de quelques lignes. Ce détail du quotidien que tout le monde connaît et que tout le monde ignore car il pourrait ne pas être là sans rien changer de la rotation de la Terre autour du Soleil. Cette tranche de vie qui reçoit l'essence du monde dans son enivrante débilité comme le battement d'aile du papillon déclenche l'ouragan. Un cornichon, un simple cornichon comme voie d'accès à un monde immense à travers l'écriture.